Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/29

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« 4 novembre (1843). Les communistes en Suisse. Reproduction mot à mot du rapport de la commission au gouvernement de Zurich. La première chose qui m’a frappé dans ce livre, c’est le nom de Bakounine qui était placé non seulement parmi les communistes, mais qui était encore désigné comme l’un des « venins ». Ils sont arrêtés, donc il l’est aussi. Quel sort étrange que celui de cet homme ! Tant qu’il resta en Russie, on n’eût pu lui prédire une fin comme cela. On voit un grand changement dans Jules Élizard. Dans sa logique, rien ne saurait l’arrêter. Que va-t-il advenir de lui ? »

Le 30 septembre 1844, Herzen note encore :

« Le préfet de Paris avisa Bakounine d’avoir à quitter la ville ! Regardez-le seulement ! Un exaltado espagnol disait : Bakounine est allé beaucoup trop loin ; emprisonné à Zurich, expulsé de Paris. »

Il paraît donc que des bruits exagérés couraient à Moscou sur Bakounine qui, en réalité, n’avait subi ni la prison à Zurich, ni l’expulsion de Paris. Au contraire, d’après les lettres de Ruge, on voit qu’en 1844 Bakounine était bien tranquille à Paris.

Le 2 mars, 1845, Herzen écrivit dans son carnet :

« Entr’autres, l’article de Bakounine dans La Réforme, — c’est le langage d’un homme libre : il nous apparaît étrange, nous n’avons pas l’habitude de ces choses-là. Nous sommes habitués aux allégories, à la parole libre seulement intra muros, et nous nous étonnons en entendant un Russe parler librement, comme quiconque, enfermé dans un souterrain, s’étonnerait de voir la lumière. »