Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/313

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moi dans la dernière édition du Code des lois, actuellement en vigueur en Russie, que tu fasses minutieusement la copie de tous les articles qui se rapportent à la condamnation à la peine capitale pour tel ou tel crime. En deuxième lieu, vous tous, tâchez de vous rappeler les exécutions des paysans, opérées en vertu d’arrêts du tribunal martial. Ces multiples condamnations furent prononcées pour crime d’insoumission des moujiks et de leur prétendue révolte, sous le règne actuel. Commencez par l’affaire d’Antone Petroff ; désignez le village, le district, le gouvernement, en précisant la date, le jour, le mois, l’an, et en donnant des détails sur toutes les circonstances dans lesquelles ces faits se sont passés. J’ai complètement oublié tout cela et ne peux me ressouvenir même du nom du village d’Antone Petroff. Je sais seulement que l’affaire s’était passée dans le gouvernement de Kazan et que le bourreau de cet infortuné était un certain Apraksine, général-adjudant, si je ne me trompe. En un mot, communiquez-moi le plus grand nombre de faits de ce genre, en donnant, si possible, tous les noms des bourreaux et de leurs victimes. Il m’est indispensable d’avoir tous ces renseignements dans le plus bref délai, car Wiazemski répliquera certainement, et une fois la polémique engagée, je devrai en sortir victorieux. Je ne pourrai me calmer, et vous tous, vous ne devez pas dormir jusqu’au jour même où nous aurons évincé des plus importants journaux de la presse européenne, tous ces lâches écrivains sur la Russie et sur les choses russes. Mais pour cela, je demande encore un petit sacrifice à la caisse des « fonds », notamment 85 francs, dont 15, que je vous prierai de remettre immédiatement à Perron, qui devra les envoyer avec ma lettre ci-jointe à Ro-