Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/362

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ont refusé crédit et, depuis hier, nous n’avons plus de viande à table ; bientôt nous n’aurons ni bougie, ni chauffage. Et je ne sais plus où trouver de l’argent. Les sœurs d’Antosia nous en enverront peut-être, si le gouvernement ne le saisit pas. Je te prie de ne pas en souffler mot à personne afin que toute la colonie de Genève ne commence pas à en faire le racontage ce qui pourrait faire évanouir notre dernier espoir.

Jusqu’ici, je n’avais pas cessé d’espérer que mes frères m’enverraient quelques secours et il le feraient assurément, si tes chers « protégés », Mme Herzen et son charmant beau-fils n’avaient fait des vilenies à mon égard, car L. était très disposé à s’occuper de cette affaire et y mettait toute son ardeur. Mais ils voulurent y apporter leur part de vilenies. Que ceux qui nient ce fait se plaisent à l’ignorer, je n’en puis, moi, faire autant. Eh bien ! que le diable les emporte !

3o Malgré tout cela je continue à travailler dans la mesure de mes forces — je poursuis en Italie une lutte à outrance contre les mazziniens[1] et les idéalistes. Tu trouves que tout cela n’est pas nécessaire. Eh bien ! sous ce rapport, comme sous beaucoup d’autres encore, je ne suis pas d’accord avec toi. — Dans cette affaire aussi, les Herzen ont cherché à me nuire. Ils ont envoyé à Mazzini la traduction de la diatribe que Alexandre Ivanovitch (Herzen) avait écrite contre moi et qui a été publiée dans ses Œuvres posthumes. Elle a paru dans la « Unità Italiana ». Tout cela ne

  1. La lutte de Bakounine avec les Mazziniens amena la publication de sa brochure : «  La théologie politique de Mazzini et l’Internationale » Première partie, 1871 (Drag.).