Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/93

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d’eux. C’est pourquoi il trouvait que Locarno, situé à la frontière de la Suisse et de l’Italie, était un point qui lui convenait merveilleusement. C’était le centre révolutionnaire, où les conspirateurs italiens venaient secrètement s’entretenir avec lui.

« Le plan que Bakounine poursuivait alors était celui-ci : organiser une conspiration se composant d’hommes déterminés, prêts à se sacrifier, et qui se rencontreraient tous, à un moment donné ; puis en un lieu désigné, et l’arme à la main, effectueraient une révolte. On devait attaquer d’abord l’Hôtel-de-Ville et passer ensuite à la « liquidation » du régime actuel, c’est-à-dire à la confiscation des propriétés, des fabriques, etc. Cependant, Bakounine était loin de se bercer de l’espoir d’un résultat immédiat.

— « Nous devons faire sans cesse des tentatives révolutionnaires, disait-il, dussions-nous être battus et mis complètement en déroute, une, deux, dix fois, vingt fois même ; mais si, à la vingt-et-unième fois le peuple vient nous appuyer, en prenant part à notre révolution, nous serons payés de tous les sacrifices que nous aurons supportés. »

Et, comme le fait justement observer l’auteur des « Souvenirs », cette « propagande par le fait » dégénéra en attentats anarchistes bien que la « révolte organisée » de Bakounine n’eût rien de commun avec les assassinats perpétrés individuellement…

« Le deuxième jour, poursuit le narrateur, après notre arrivée à Locarno, nous allâmes en bateau avec Bakounine, visiter, à proximité de la ville, une maison achetée en son nom, et qu’il voulait nous