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REINE D’ARBIEUX

lui avait faite — et elle raconta leur désaccord, le départ pour Dax — son autorité se relâchait : il s’en allait des journées entières, il la laissait libre. C’est à ce moment qu’elle avait faiblement montré ses scrupules : puisqu’il lui témoignait plus de confiance, elle ne devait pas en abuser. Il y avait dans le mensonge une bassesse qui lui répu­gnait.

Mais déjà Adrien l’interrompait :

— Si vous regrettez, je pars tout de suite.

Le tressaillement de ses muscles, au coin de sa bouche, l’avait effrayée.

— Qu’est-ce que vous dites ?

Déjà elle cédait à la crainte de l’avoir froissé. Sa main s’accrochait à sa manche, le retenait, pour qu’il fût forcé de se rasseoir. C’était son malheur que ce tempérament fait pour sentir les moindres nuances de froideur, de mépris ou d’affection.

— Je vous en prie, avait-elle continué, trop sin­cère pour dissimuler le plaisir qu’elle éprouvait à son côté.

Adrien, apaisé, allumait une cigarette. Certes, elle n’avait rien redouté de ce tête-à-tête dans un bois désert ; mais sa parfaite maîtrise de lui-même la désarmait, donnant à ses remords une vague couleur de niaiserie. Jeune femme délicate, elle se refusait, dans sa pudeur fière, à faire sentir le prix de sa présence, et tout ce qu’une démarche si sin­gulière représentait de sacrifices à leur amitié.

Pendant cette semaine, il était revenu presque