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REINE D’ARBIEUX

elle se redressait, reprenant conscience d’un fonds de rancune et prompte à la lutte.

Elle le regarda dans les yeux.

— Cela ne vous a pourtant pas réussi, cet été, de m’emmener de force.

Il la supplia, avec un mécontentement mal étouffé, de ne plus revenir sur ce déplorable voyage. N’avait-il pas été assez malheureux ?

La douleur de la jeune femme éclata :

— Et moi ? À qui la faute si je ne peux me consoler d’avoir perdu mon enfant !

Il gronda sans pouvoir se contenir davantage qu’elle n’était que trop consolée.

— Que voulez-vous dire ?

Elle avait jeté ces mots comme un défi, hale­tante, les joues en feu.

Comment cette conversation avait-elle dégénéré en quelques instants ? Ah ! c’était loin d’elle qu’il pouvait prendre des résolutions si vite balayées ! Croyait-elle qu’il avait des yeux pour ne rien voir ? Il savait bien qu’elle était capricieuse, d’hu­meur difficile, mais l’idée ne lui serait jamais venue quelle pût s’abaisser, comme une fille de rien, à donner le scandale aux portes mêmes de la fabrique.

— Si je n’avais pas toutes les preuves, je ne l’aurais pas cru !

— Les preuves de quoi ?

— Vous le savez bien.

Non, elle ne savait pas ce qu’il voulait dire. Avec une ardente sincérité, elle lui reprocha son