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REINE D’ARBIEUX

isolement, ce goût qu’il avait de soupçonner, de faire souffrir, qui créait autour d’eux le vide. Si elle ne pouvait se passer d’un peu d’amitié, où était le mal ?

Il l’interrompit.

— Vous avouez donc ?

Et avec l’impatience de la jalousie qui dévore le meilleur de l’âme, sacrifiant tout l’avenir à un instant de fureur cruelle :

— Ah ! ne me racontez pas d’histoires. Je ne vous crois pas. Vous êtes sa maîtresse. Pourquoi ? Parce que je le hais. Ce ne peut être par caprice, ni par amour… Une femme comme vous s’éprendre de ce fruit sec, de ce sans-le-sou !

Elle s’était levée pour sortir, mais il la rattrapa, la prit aux poignets.

— Si j’étais sa maîtresse, je vous le dirais, affirma-t-elle d’une voix tremblante et précipitée. Mais ce n’est pas vrai. Vous pouvez croire ce que vous voudrez. Seulement ne l’insultez pas.

Il lui sembla que le salon tournait autour d’elle ; puis elle ne sentit plus que ce souffle d’homme sur sa figure :

— Ah ! vous le défendez… C’est lui, n’est-ce pas, qui vous monte la tête contre moi. Mais je l’ai flanqué tout à l’heure à la porte comme il le mérite. Vous ne le verrez plus.

Il étouffait, incapable d’endiguer la marée de passion soulevée en lui, gagnant tout son être, son cœur, son cerveau, ses muscles frémissants, prêts à la briser. À plusieurs reprises, il avait