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REINE D’ARBIEUX

glisser. La nuit noire fourmillait d’étoiles. Où était Adrien ? Pourrait-il l’aider dans le projet qu’elle avait formé ? Quoi qu’il arrivât, elle était partie.


XII


Adrien avait marché tout l’après-midi, en cher­chant sur le bord du Ciron les sentiers solitaires où s’enchevêtrent le lierre et les clématites. Les sentiments qui, depuis des mois, occupaient son cœur, étaient arrivés à leur paroxysme. Le moment d’agir avait sonné. Il lui fallait tenir sa vengeance : jamais énergie plus impitoyable ne fut mise au service d’un esprit plus froid.

« Ah ! songeait-il, imaginant l’orage amassé sur la petite maison solitaire, on peut s’en remettre à Germain du soin de tout briser. » Repassant dans son esprit les entrevues de ces derniers jours, il se félicita de l’empire qu’il savait garder sur soi-même ; avec la vivacité d’impressions qu’il avait distin­guée chez Reine, une imprudence de sa part aurait pu tout perdre. À plusieurs reprises, ne l’avait-il pas sentie hésitante, agitée de scrupules qu’elle ne montrait pas !

« Il ne reste plus qu’à l’attendre », se répétait-il, réprimant l’impatience qui crispait ses nerfs.

Tout ce qui arrivait, lui-même l’avait préparé