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REINE D’ARBIEUX

se révélait que rien ne pourrait abattre. Mais une lutte confuse se livrait en lui : puisque Reine n’était pas ici, il fallait partir.

Devina-t-elle qu’un orage s’amassait dans sa nature primitive, et qu’il n’emportait pas l’apai­sement qu’elle aurait voulu lui donner ? Comme elle essayait de le retenir, il invoqua l’affaire qui devait être plaidée à Bordeaux, dans l’après-midi.

— Un procès qui vient justement aujourd’hui, je n’ai que le temps !

Déjà se fermait le visage marqué par la fatigue.

Elle comprit que toute parole serait inutile, le regarda descendre les marches.

L’auto avait disparu derrière les haies que la jeune fille écoutait encore, frappée d’un obscur pressentiment, décroître dans le chemin de sable son roulement sourd.


XIV


Il était près de minuit, les cafés s’étaient peu à peu fermés, et la lune rongée qui montait au-des­sus de la rade, décrivant sa course solitaire sur le peuple inanimé des paquebots et des goélettes, répandait un faible rayonnement sur une immense place, encadrée par des allées d’arbres. Seule,