Page:Balde - Reine d'Arbieux, 1932.pdf/39

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fausses. Ah ! si elle avait été riche ! Mais que restait-il, quelle dot dérisoire, de la fortune qu’Arthur d’Arbieux, en quelques années de jeunesse, avait dissipée ?

Un vent chaud commençait d’agiter la cime des arbres. Le vallon s’était obscurci. Reine sentit que le temps lui échappait. Mais elle luttait. Elle résistait. Elle voulait défendre son amour, sa raison de vivre. À cet instant, l’emportait seul le désir de modifier à son gré les événements qui était une des marques, si féminines, de sa nature. Elle avait posé la main sur le bras de Régis, et ardemment :

— Je ne veux pas que vous doutiez de vous.

Je ne vous laisserai pas dans vos idées noires. Une fierté l’empêchait de dire qu’elle l’aurait suivi, s’il l’avait voulu. Mais elle lui répétait qu’à se rabaisser, qu’à ne pas s’estimer à sa valeur, il perdait ses meilleures chances. Pourquoi ne pas croire qu’il pouvait réussir, même sans argent, par ce don passionné de soi qui l’emporte sur tous les obstacles ?

— Non, vous n’avez pas manqué ce concours par votre faute. Cette semaine-là, vous étiez malade.

— Pas malade… fatigué peut-être !

— Vous me l’avez dit. D’ailleurs, qu’est-ce que cela faisait ? Il n’y avait qu’à recommencer.

Si ardente à affirmer sa foi en lui, en ce qu’il serait, comme elle le touchait ! Que voulait-elle ? Le retenir ; l’entraîner au dernier moment dans