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REINE D’ARBIEUX

puis elle entendit le ronflement d’une auto qui s’éloignait sur la grand’route.


IV


La vieille ville de Bazas, à moitié morte, dans l’écorce grise de ses remparts, est entourée par la plus fraîche campagne. De même qu’on voit, dans certaines sources de ce pays, les herbages et les brins de bois se couvrir d’une couche pierreuse, un phénomène de pétrification paralyse peu à peu la petite cité, malgré les relents d’étable qu’apportent les charrettes à bœufs, et les odeurs pures qui montent des moulins établis sur un filet d’eau.

La maison des Dutauzin se trouvait en haut de la rue aristocratique, étroite et muette, qui dégringole de la place au bas des remparts. Ses portes closes ont un air de silence et de discrétion. Les voitures ne se risquent guère sur cette pente raide où elles ne pourraient se croiser.

Cette mélancolie de cloître oppressait Reine. Combien elle se sentait étrangère dans cette maison vaste et profonde, d’un ordre glacial, où elle respirait une désapprobation indéfinissable. Un couloir voûté conduisait dans un vaste hall, ceinturé au premier étage par la balustrade d’une gale-