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REINE D’ARBIEUX

Il ne fallut pas plus de deux ou trois visites pour que Germain se cabrât. Il n’attendait d’ail­leurs qu’une occasion. De quoi se mêlait cette personne encombrante et insupportable ? N’était-il pas le maître d’agir à sa guise ? L’affaire de l’hôtel le touchait à un point sensible. En installant Reine dans cette maison, il avait eu le dessin de la retirer de son milieu ; il entendait la soustraire à toute influence. Sa femme était à lui, à lui seul ! C’était son supplice de sentir, pour une pensée, un mot maladroit ou contradictoire, le réveil brutal de sa jalousie assoupie, mais non éteinte, au fond de son être.

Mme Fondespan se plaignait à Reine. Depuis certaines discussions d’intérêt qui les avaient mis aux prises assez vivement, Sourbets baissait dans son estime. Elle exigeait maintenant que la jeune femme prît parti en sa faveur contre son mari. Qu’attendait-elle pour faire avec lui les visites d’usage à leurs relations ? Les fêtes du mariage ayant été des plus belles, plusieurs per­sonnes de la famille entendaient rendre des poli­tesses ; Alban Dutauzin, suivant le rite, se proposait d’offrir un grand déjeuner, de « retour de noces ». Autant de questions qui mettaient au supplice la jeune femme, écrasée entre deux adversaires impitoyables : son mari ombrageux et réfractaire ; sa tante, possédée par des idées d’orgueil et d’autorité qui ne souffraient aucune discussion.

Reine y songeait dans le jardin trempé de