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REINE D’ARBIEUX

sité. C’était un garçon de taille moyenne, au profil d’oiseau, comme on en voit beaucoup dans la lande. Il portait un veston de couleur foncée qui moulait des épaules larges. À peine arrivé, il avait promené sur l’assistance un regard aigu de ses yeux bridés, qu’il tenait habituellement baissés et fuyants, et s’était glissé entre les groupes. Sa figure était sans jeunesse, d’une maigreur sèche, avec des mâchoires saillantes. Sa bouche longue et fine avait un rictus désagréable et le teint tirant sur le jaune lui donnait une mine chétive.

Au coin du canapé, deux dames échangeaient à son sujet des suppositions. On racontait qu’Alban Dutauzin, l’ayant rencontré au mariage, avait le dessein de lui faire épouser sa fille, l’aînée, comme il convenait. Ce n’était pas chez les Dutauzin qu’on serait tombé dans cette hérésie de marier Berthe, la cadette, avant que Marthe fût établie. On se demandait ce que le jeune homme pouvait gagner à la papeterie où Sourbets lui avait donné un emploi depuis quelque temps.

— Il le devait bien, dit une de ces dames.

Le père du nouveau venu, Adrien Bernos, était ce malheureux qu’on avait trouvé noyé dans le Ciron, à la suite de mauvaises affaires avec les Sourbets sur lesquelles la lumière n’avait jamais été faite.

Ce dimanche matin, Reine achevait de s’ha­biller. La tête penchée, elle versait sur son mou­choir une goutte de parfum. Un fourreau de soie