toutes les générations humaines, ainsi tous les peuples de tous les âges et de tous les lieux ; ainsi les vivants et les morts sont unis entre eux et avec Dieu par la parole. Voilà ce qui explique ces mots de l’apôtre des nations : La foi, c’est l’ouïe.
Toutes les facultés sont dans l’homme ; mais toutes ont besoin d’y être fécondées : les unes le sont par les perceptions des sens, les autres le sont par la parole. Les sens, que l’homme a de commun avec les animaux, ne feraient de lui qu’un animal plus parfait à cause de la perfection relative de ses organes ; la parole seule en fait un être intelligent et moral, c’est-à-dire l’homme.
La parole est donc l’homme tout entier ; et dans la langue d’un peuple, on doit trouver la raison des mœurs et des institutions de ce peuple.
Les bornes des sens de l’homme, pour voir l’univers ; de son intelligence, pour en connaître les lois ; de ses facultés, pour en juger l’ensemble : telles sont les limites de la parole, considérée comme expression de l’intelligence ou de la pensée. Comme expression du sentiment moral, la parole a des limites qui ne peuvent se déterminer.
Dieu a révélé à l’homme par la parole, tout ce qu’il doit savoir et connaître, aimer et craindre, chercher et éviter. Dieu a enfermé la liberté de l’homme dans une aire circonscrite par la parole. L’homme ne peut nommer que ce qui existe ; et ce n’est pas lui qui impose le nom, c’est la société.