Page:Ballanche - Pensées et Fragments, éd. Vulliaud, 1907.djvu/58

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toutes les générations humaines, ainsi tous les peuples de tous les âges et de tous les lieux ; ainsi les vivants et les morts sont unis entre eux et avec Dieu par la parole. Voilà ce qui explique ces mots de l’apôtre des nations : La foi, c’est l’ouïe.

(Essai sur les Inst. soc., p. 308.)


Toutes les facultés sont dans l’homme ; mais toutes ont besoin d’y être fécondées : les unes le sont par les perceptions des sens, les autres le sont par la parole. Les sens, que l’homme a de commun avec les animaux, ne feraient de lui qu’un animal plus parfait à cause de la perfection relative de ses organes ; la parole seule en fait un être intelligent et moral, c’est-à-dire l’homme.

La parole est donc l’homme tout entier ; et dans la langue d’un peuple, on doit trouver la raison des mœurs et des institutions de ce peuple.

(Essai sur les Inst. soc., p. 309.)


Les bornes des sens de l’homme, pour voir l’univers ; de son intelligence, pour en connaître les lois ; de ses facultés, pour en juger l’ensemble : telles sont les limites de la parole, considérée comme expression de l’intelligence ou de la pensée. Comme expression du sentiment moral, la parole a des limites qui ne peuvent se déterminer.

(Essai sur les Inst. soc., p. 309.)


Dieu a révélé à l’homme par la parole, tout ce qu’il doit savoir et connaître, aimer et craindre, chercher et éviter. Dieu a enfermé la liberté de l’homme dans une aire circonscrite par la parole. L’homme ne peut nommer que ce qui existe ; et ce n’est pas lui qui impose le nom, c’est la société.