Page:Ballanche - Vision d’Hébal.djvu/79

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romaine n’a pu s’élever. Tant que la liberté trouve à poser son pied quelque part, tant qu’elle peut prendre son essor de l’aire la plus étroite, pour de là étendre son vol sur mille contrées, pour de là faire retentir sa voix puissante, et réveiller les peuples courbés sous le joug de l’esclavage, il est permis d’espérer. Trois cris terribles retentissent des bords du Tibre aux lacs de la Calédonie. Le premier est pour proclamer le monde soumis. Le second cri annonce qu’un rocher est resté inaccessible aux armes des maîtres du monde ; et les maîtres du monde s’indignent, et les peuples font des vœux. Et les sympathies généreuses sont aussi une puissance. La grandeur romaine a commencé par un asile ; le génie libérateur peut commencer par un asile. Rome rassemble toute l’énergie de son destin pour vaincre un rocher. La force qui a subjugué le monde se brise un instant contre le rocher comme une vaste mer contre un grain de sable. Mais le grain de sable disparaît au