Page:Ballin - Le Mahâbhârata, vol2.djvu/226

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Alors, ô grand roi, Kountî, tourmentée par le chagrin, dit tout d’un coup à ses fils, d’une voix douce et en pleurant : « Ce héros, qui était un grand archer, le conducteur des chefs (des troupes) de chars, qui,

807. Doué de tous les signes de l'héroisme, a été tué dans la bataille par Arjouna, que vous croyez, ô fils de Pândou, le fils du cocher et de Râdhâ (sa femme),

808. Qui brillait au milieu des armées comme le brillant astre du jour, qui, jadis, vous combattit tous, (quand vous étiez) à la tête de vos suivants,

809. Qui resplendissait en conduisant toute l’armée de Douryodhana, dont personne en ce monde n’égalait l’énergie,

810. Le héros qui, sur la terre, préféra toujours la gloire à la vie, le héros à la parole vraie, qui ne fuyait jamais dans les combats,

811. Était votre frère aine, engendré en moi par le Soleil. Accomplissez les rites de l’eau pour ce frère ferme dans ses œuvres.

812. Ce héros, (né) avec des boucles d’oreilles et une cuirasse, avait une splendeur égale à celle de l’astre du jour. » Tous les fils de Pândou, ayant entendu ces fâcheuses paroles de leur mère,

813-816. Pleurèrent Karna, et leur douleur s’en accrut encore. Alors ce tigre des hommes, le brave Youdhishthira, fils de Kountî, soufflant comme un serpent, dit à sa mère : « Comment ce (héros, pareil à un océan), ayant des flèches pour vagues et des étendards pour tourbillons, ayant pour monstres marins ses grands bras, pour mugissement le son (terrible du claquement) de ses mains, pour lac profond son grand char, dont nul