Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/118

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tout dépérissait. Tuilzie elle-même languissait sous mes yeux. A cinq millions de diables le mariage ! »

Les uns riaient, les autres, scandalisés, se taisaient. La dernière et la plus redoutable des incantations restait à essayer : c’est la cérémonie du miroir. On se place, une chandelle à la main, en face d’une petite glace ; on souffle trois fois sur le verre, et on l’essuie en répétant trois fois : Parais, mon mari, ou : Parais, ma femme ! Alors, au-dessus de l’épaule gauche de la personne qui consulte le destin, se montre distinctement une figure qui se reflète dans le miroir ; c’est celle de la compagne ou du mari que l’on invoquait.

Personne n’osait, après l’exemple de Maillie, braver encore les puissances surnaturelles. Le miroir et la chandelle étaient là par terre sans que l’on pensât à les mettre en usage. La Doon frémissait dans les roseaux ; une longue traînée d’argent, qui tremblait sur ses vagues lointaines, était aux yeux des villageois la trace étincelante des skelpies ou esprits des eaux ; la jument de Muirland, sa petite jument des Highlands, à la queue noire et au blanc poitrail, hennissait de