Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/131

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« Diable ! s’écria-t-il, mon sommeil, en effet, est une injure à sa beauté ! Il chassa donc le sommeil, et dit à Spellie mille choses aimables et tendres auxquelles la jeune fille des montagnes répondit de son mieux.

Jusqu’au matin, Spellie n’avait pas dormi.

« Comment dormirait-elle, en effet, se demandait Muirland, elle n’a pas de paupière ? »

Et son pauvre esprit retombait dans un abîme de méditations et de craintes. Le soleil se leva. Muirland était pâle et abattu ; la fermière avait les yeux plus étincelans que jamais. Ils passèrent la matinée à se promener sur les bords de la Doon. La jeune épouse était si jolie que son mari, malgré sa surprise et la fièvre à laquelle il était en proie, ne put la contempler sans admiration.

« Jock, lui dit-elle, je vous aime autant que vous aimiez Tuilzie ; toutes les jeunes filles des environs me portent envie : aussi prenez-y garde, mon ami, je serai jalouse, je vous surveillerai de près. »