Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/138

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Jock avait fait bonne chasse. Une pintade aux ailes éclatantes frappa ses regards ; il l’ajusta, la blessa, et l’oiseau, frappé de mort, alla tomber, en gémissant, sous d’épais halliers. Muirland ne voulait pas perdre une proie aussi belle ; il amarra son bateau, et courut à la recherche du résultat de sa conquête. Il avait battu inutilement plusieurs buissons, et son obstination d’Écossais le plongeait et l’enfonçait de plus en plus dans l’épaisseur du bois. Il se trouva bientôt environné d’arbres de haute futaie et placé au centre d’une de ces salles de verdure naturelles que l’on trouve dans les forêts d’Amérique, quand une clarté traversa le feuillage et pénétra jusqu’à lui. Il tressaillit : ce rayon le brûlait ; cette lumière insupportable le contraignait à baisser les yeux.

L’œil sans paupière était là, vigilant et éternel.

Spellie avait passé la mer ; elle avait trouvé la trace de son mari, elle le suivait à la piste ; elle avait tenu sa parole, et sa redoutable jalousie accablait déjà Muirland de justes reproches. Il courut vers le rivage, poursuivi par l’œil sans paupière, vit l’onde claire et pure