Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/175

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que j’avais daigné dans le temps honorer de quelques regards, éventa notre complot anti-conjugal, et me menaça de l’ébruiter. C’eût été dangereux de toute manière : la dame a des parens qui ne plaisantent jamais, et nos tribunaux font payer cher les maladresses amoureuses. J’achetai le silence de notre hôtesse, et me voici à Messine, où je compte passer quelque temps loin de celle dont mon absence protégera sans doute la réputation. »

»Cette conversation fit peu d’impression sur moi dans le premier moment. Je ne remarquai que deux choses : la corruption froidement frivole du jeune dandy, et la dépravation de sa complice. Je rentrai chez moi. Un paquet de lettres et de journaux se trouvait sur ma table. Je reconnus l’écriture de ma femme, et je me hâtai de décacheter sa lettre. On ne peut être attaché à une amante, à une sœur, à une épouse, par des liens plus doux que ceux qui m’unissaient à Marie. Sa lettre respirait toute la tendresse d’une ame pure et dévouée. Depuis que j’avais épousé Marie, elle ne m’avait pas causé un seul chagrin. Jeune fille élevée dans un des comtés les plus sauvages de l’Angleterre, appartenant à une des familles les plus illustres de la