Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/19

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diable de malade alla, malgré la défense de son ami, se chauffer à un feu de cosaques, et lorsque celui-ci vint pour l’y reprendre, un cosaque croyant qu’on voulait leur chercher chicane tua le pauvre Italien…

— Napoléon avait des idées bien philosophiques ! s’écria une dame. Ne faut-il pas avoir réfléchi bien profondément sur la nature humaine, pour oser chercher ce qu’il peut y avoir de héros dans une troupe de malfaiteurs ?…

— Oh ! Napoléon, Napoléon ! répondit un de nos grands poètes en levant les bras vers le plafond, par un mouvement théâtral. Qui pourra jamais expliquer, peindre ou comprendre Napoléon !… Un homme qu’on représente les bras croisés, et qui a tout fait ; qui a été le plus beau pouvoir connu, le pouvoir le plus concentré, le plus mordant, le plus acide de tous les pouvoirs ; singulier génie, qui a promené partout la civilisation armée sans la fixer nulle part ; un homme qui pouvait tout faire parce qu’il voulait tout ; prodigieux phénomène de volonté, domptant une maladie par une bataille, et cependant il devait mourir de maladie dans son lit après avoir vécu au milieu des balles et des