Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/204

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mais Marie lui dit d’un ton impératif et avec une énergie qui m’étonna :

» — Il le faut !

« Le changement subit qui venait de s’opérer chez Marie me blessa. Était-ce donc cette femme si délicate et si faible qui prenait tout à coup une attitude arrogante, et un ton auquel la convenance semblait manquer ? Nous partîmes.

»Lord Barndale était avec sa fille dans une chaise de poste ; je me trouvais avec l’aubergiste dans une autre. Trois fois il fallut s’arrêter pour secourir Marie, dont les évanouissemens nous affligeaient ; l’hôtesse paraissait très-émue et à peu près incapable de répondre à mes questions.

»Lorsque nous descendions de voiture, Marie semblait affecter de ne faire aucune attention à moi. Je ne sais quelle résolution violente paraissait l’animer. Arrivée à Bath, elle fit dire au postillon de se diriger vers un hôtel de la rue Pultney qu’elle indiqua très-exactement. Quand nos voitures s’arrêtèrent, Marie descendit la première, frappa, dit au domestique de prier sa maîtresse de descendre un moment, et nous