Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et mourut d’un anévrisme au cœur, déterminé par tant de secousses et d’émotions.

»Le père indigné déclara qu’il ne me reverrait jamais. J’eus le malheur de perdre mes deux enfans. Je n’avais plus rien à faire au monde, monsieur, je revins en Sicile, où j’espérais trouver encore lord Mondeville, à qui je voulais demander vengeance de tous les maux que sa fatuité avait fait tomber sur moi, et de l’indigne supposition de nom qui avait flétri l’honneur de ma femme : il était parti pour les Indes avec une commission du gouvernement. Le père Anselme me facilita l’entrée de ce cloître, où je trouve un asile. Hélas ! tous les lieux me sont indifférens ! Une seule pensée de haine me reste, au milieu de tant de pensées douloureuses ! J’ai de l’aversion pour ces institutions sociales qui me condamnent au malheur. Ah ! le mariage, monsieur, le mariage ! posséder une femme, l’aimer, la croire à soi et trembler toujours ; et ne jamais savoir si un autre ne reçoit pas en pur don ce que la loi nous accorde et ce que le cœur peut nous refuser ; n’être jamais certain que les désirs et les vœux d’une épouse sont pour vous, sont à vous ; conserver pour un autre et élever pour les menus plaisirs d’un ami