Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en paiement pour les raccommodages que j’ai faits pendant plus d’un trimestre aux instrumens de l’orchestre des Chiens savans, qui ont eu dans cette ville un si grand succès, et qui ont travaillé devant MM. les membres du grand-conseil. La voulez-vous, ma contre-basse ? je vous la laisse pour dix écus ; pour cinquante livres, tenez, sans plus marchander. »

Mon arrière-grand-père eût été un million de fois plus musicien qu’il n’était réellement, il eût eu encore une peine infinie à se prêter à l’arrangement qu’on lui proposait, lequel consistait à s’accommoder d’une contre-basse lorsqu’il était censé avoir besoin d’un violon.

S’étant permis de faire, avec une grande force de logique, cette observation à l’honnête luthier, il en reçut je ne sais quelle répartie si étrange qu’il lui vint aussitôt à l’esprit qu’il avait affaire à une manière de monomane. La chose lui fut prouvée quand en sa présence ce singulier personnage recommença à se promener et à gesticuler, et quand une vieille femme, ouvrant la porte de l’arrière-boutique, lui fit signe en haussant les épaules que la tête du pauvre homme n'