Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/219

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plusieurs jours elle oublia de venir reprendre. A ses heures de loisir, lesquelles étaient rares, car lorsqu’il ne travaillait pas de ses mains il travaillait de sa pauvre tête, qui ne reposait guère, Tobias Guarnerius parcourut ce livre : c’était un de ces respectables monumens de la patience et de l’érudition germaniques, où l’auteur vous annonce, sans y mettre d’ailleurs autrement de prétentions, qu’il traitera de omni re scibili et de quelques autres sujets. En effet on y voyait, à côté d’un chapitre sur la meilleure forme de gouvernement, un chapitre sur la manière de gratter le dos de sa femme quand il la démange ; une recette pour faire du vin de Chypre était suivie d’une dissertation sur la virginité des onze mille vierges, et d’un discours sur les avantages de la calvitie ; un ton de bonhomie singulière avait présidé à la rédaction de cet ouvrage informe, et donnait à sa lecture un charme particulier, qui avait fini par dominer notre monomane jusqu’à détourner de lui pendant une demi-journée l’obsession de sa pensée ordinaire.

Tout-à-coup, au détour d’une page, un chapitre se présente à lui avec ce titre : De la Transfusion des ames. A la lecture de ces mots, comme s’il eût soudain