Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/23

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Le chevalier de Beauvoir, — je me rappelle maintenant son nom, — avait bien médité son rôle. Il cita sa famille d’emprunt, son faux domicile, et soutint si hardiment son interrogatoire, qu’il aurait été mis en liberté sans l’espèce de croyance aveugle que les espions eurent en leurs instructions ; elles étaient trop précises ; dans le doute, ils aimèrent mieux commettre un acte arbitraire que de laisser échapper un homme à la capture duquel le premier consul paraissait attacher une grande importance. Dans ces temps de liberté, les agens du pouvoir national se souciaient fort peu de ce que nous nommons aujourd’hui la légalité. Le chevalier fut donc provisoirement emprisonné, jusqu’à ce que les autorités supérieures eussent pris une décision à son égard. Cette sentence bureaucratique ne se fit pas attendre, et la police ordonna de garder très-étroitement le prisonnier, malgré toutes ses dénégations.

Alors le chevalier de Beauvoir fut transféré, suivant de nouveaux ordres, au château de l’Escarpe. Ce nom indique assez la situation de la forteresse : assise sur des rochers d’une grande élévation, elle a pour fossés des précipices ; et l’on n’y peut arriver que par