Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/24

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une pente rapide et dangereuse, aboutissant, comme dans tous les anciens châteaux, à la porte principale, qui est défendue par un fossé sur lequel s’abaisse un pont-levis.

Le commandant de cette prison, charmé d’avoir un homme de distinction, dont les manières étaient fort agréables, qui s’exprimait à merveille, et paraissait instruit, qualités assez rares à cette époque, accepta le chevalier comme un bienfait de la Providence. Il lui proposa d’être à l’Escarpe sur parole, et de faire cause commune avec lui contre l’ennui. Beauvoir ne demanda pas mieux. C’était un loyal gentilhomme ; mais c’était aussi, par malheur, un fort joli garçon. Il avait une figure attrayante, l’air résolu, la parole engageante, une force prodigieuse. C’eût été un excellent chef de parti. Il était surtout leste et bien découplé. Le commandant lui assigna le plus commode des appartemens du château, l’admit à sa table ; et, d’abord, n’eut qu’à se louer du Vendéen.

Ce commandant était un officier corse ; il était marié, et très-jaloux, parce que sa femme, assez jolie, lui semblait peut-être difficile à garder. Il paraît que Beauvoir plut à la dame, et qu’il la trouva fort à