Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/240

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vicieux, le prince avait vendu le violon à un artiste italien qui allait faire son tour d’Europe, et qui comptait donner des concerts à Paris.

Aussitôt Tobias se remit en route ; en arrivant dans la capitale de la France, sans se mettre en peine des merveilles de civilisation qu’elle renferme, et qu’à une autre époque il eût explorées avec un si vif empressement, il n’eut qu’une préoccupation, celle de savoir l’adresse del signor Ballondini. Il l’apprit sans beaucoup de peine, car, grâce à son violon, el signor Ballondini s’était fait, dès son premier concert, une réputation colossale, et toutes les feuilles publiques ne parlaient que de son talent et de la merveilleuse qualité de son qu’il tirait de son instrument.

Tobias eut bien un instant la volonté de se mettre en colère contre le virtuose italien, qui prenait pour lui toute la gloire, quand le luthier en avait une si bonne part à revendiquer ; mais il pensa que son amour-propre devait boire ce calice, en expiation de sa faute, et il s’imposa l’obligation de ne point se plaindre de ce qu’on lui dérobait, trop heureux s’il pouvait rentrer en possession de sa fatale création. Aussitôt qu’il sut où demeurait le signor Ballondini, afin de le joindre