Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/25

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son goût. Ils s’aimèrent sans doute. Commirent-ils quelque imprudence ? Le sentiment qu’ils eurent l’un pour l’autre dépassa-t-il les bornes de cette galanterie superficielle qui est presque un de nos devoirs envers les femmes ? Beauvoir ne s’est jamais franchement expliqué sur ce point assez obscur de son histoire ; mais toujours est-il constant que le commandant se crut en droit d’exercer des rigueurs extraordinaires sur son prisonnier.

Beauvoir, mis au donjon, fut nourri de pain noir, abreuvé d’eau claire, et enchaîné suivant le perpétuel programme des divertissemens prodigués aux captifs. Sa cellule, située sous la plate-forme du donjon, était voûtée en pierre dure ; les murailles avaient une épaisseur désespérante ; la tour donnait vraisemblablement sur un précipice ; il n’y avait pas la moindre chance de salut.

Lorsque le pauvre Beauvoir eut reconnu l’impossibilité d’une évasion, il tomba dans ces rêveries qui sont tout ensemble le désespoir et la consolation des prisonniers. Il s’occupa de ces riens qui deviennent de grandes affaires. Il compta les heures, les jours ; il fit l’apprentissage du triste état de prisonnier. Il reçut le baptême