Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/287

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gentleman, whig sans savoir pourquoi, et d’autant plus invincible dans ses décisions, une fois prises, que son intelligence était plus courte et plus bornée. Marie, dont l’ame ardente avait cru entrevoir le bonheur dans cette union, avait ressenti un profond chagrin en voyant son espoir détruit. On conseilla au père, qui voyait dépérir sa fille, maintenant unique, de sacrifier enfin sa vieille haine de whig à l’espérance de sauver Marie. Il se résolut, non sans peine, à écrire au jeune homme, qui malheureusement était parti pour l’Italie. Quatre mois s’écoulèrent, pendant lesquels la jeune fille s’éteignit lentement.

Lorsqu’il arriva, il était trop tard. Elle vivait encore, mais quelle existence ! On voulut lui persuader qu’un voyage en Italie la ranimerait. « Non, disait-elle, je mourrai près de mes deux sœurs, et je serai ensevelie près d’elles. Nos trois tombeaux seront réunis dans le petit cimetière du village de Blantyre. Je veux que les arbres dont j’ai respiré l’odeur et écouté le murmure soient là, près de moi, près de nous. Ce sont, je le sens bien, des illusions et des chimères, les caprices d’un enfant ; mais ne me les ôtez pas ; ils me consolent. »