Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/363

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main, il alla ouvrir sa croisée, pour voir quel était l’indiscret qui venait ainsi l’observer à une pareille heure. La chambre qu’il occupait était élevée de plusieurs étages ; au-dessus et au-dessous de lui, le mur était à pic et ne présentait aucun accident au moyen duquel on pût descendre ou monter ; dans l’espace étroit qui régnait entre la fenêtre et le balcon, aucun objet ne pouvait se dérober à son regard, et cependant il ne vit rien. Il pensa de nouveau qu’il avait été en proie à une de ces fantaisies qu’enfante l’erreur des sens durant la nuit, et il se remit en riant à son travail. Mais il n’avait pas écrit vingt lignes que, dans un coin obscur de sa chambre, il entendit remuer quelque chose : cela commença à l’émouvoir, car il n’était pas naturel que ses sens ainsi l’un après l’autre conspirassent pour le tromper. Ayant regardé cette fois avec attention pour découvrir d’où venait ce frôlement, il vit un objet noirâtre, qui s’avançait en sautillant par bonds inégaux, comme aurait fait une pie. A mesure que l’apparition se rapprochait de lui, son aspect devenait de plus en plus hideux, car elle prenait, à ne pas s’y méprendre, la forme d’une tête humaine séparée du tronc, et dégouttante de sang ; et quand, par un lourd élan, elle