Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/370

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

était bien fermée, puis s’approchant du lit, il écarta doucement le rideau.

A la lumière incertaine de la lampe de nuit qui éclairait la chambre, une singulière vision lui apparut.

Près de sa fiancée, dormant d’un profond sommeil, une chevelure noire, et qui n’était pas celle d’une femme, se dessinait sur la blancheur de l’oreiller, où elle occupait sa place. Etait-il la victime de quelques-unes de ces mystifications destinées à troubler les mystères de la nuit nuptiale ? ou bien un audacieux usurpateur était-il venu le détrôner, même avant son couronnement ? Dans tous les cas, son substitut prenait assez peu de souci de lui ; car, ainsi que sa femme, il était endormi d’un profond sommeil, et avait le visage tourné vers le fond de l’alcôve. Au moment où M. Desalleux se penchait sur le lit pour reconnaître les traits de cet hôte étrange, un long soupir, comme celui d’un homme qui se réveille, traversa le silence ; en même temps la face de l’inconnu, se retournant vers lui, lui offrit une épouvantable ressemblance, celle de Pierre Leroux.

En se voyant pour la seconde fois en proie à cette horrible vision, le magistrat aurait dû comprendre qu’il y avait dans sa vie quelque méchante action dont