Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/382

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Je ne sais si vous voyez bien l’homme, se bourrant le nez de prises de tabac, parlant avec la prestesse des gens empressés de finir leur discours, de peur qu’on ne les abandonne ; du reste s’exprimant avec une grande facilité, contant bien, peignant d’un trait, et jovial comme un loustic de régiment.

Pour vous sauver l’ennui des digressions, je me permets de traduire son histoire en style de conteur, et d’y donner cette façon didactique nécessaire aux récits qui, de la causerie familière, passent à l’état typographique.

Quelque temps après son entrée à Madrid, le grand-duc de Berg invita les principaux personnages de cette ville à une fête française offerte par l’armée à la capitale nouvellement conquise. Malgré la splendeur du gala, les Espagnols n’y furent pas très-rieurs ; leurs femmes dansèrent peu ; en somme, les conviés jouèrent, et perdirent ou gagnèrent beaucoup.

Les jardins du palais étaient illuminés assez splendidement pour que les dames pussent s'