Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/68

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galopait le long des haies, et que le préfet envoyait loger chez lui, jusqu’à ce que le réfractaire se fût retrouvé.

Il fallut donc chauffer, blanchir, éclairer le garnisaire et le nourrir son cheval et lui. Le paysan y mangea ses économies, vendit la croix d’or, les boucles d’oreilles, de souliers, les agrafes d’argent et les hardes de sa femme ; puis un champ qu’il avait, et enfin sa maison.

Avant de vendre la maison et le morceau de terre dont elle était environnée, il y eut une horrible dispute entre la femme et le mari, celui-ci prétendait qu’elle savait où était son fils… Le gendarme fut obligé de mettre le holà, au moment où le paysan s’emporta, car il avait pris son sabot pour le jeter à la tête de sa femme.

Depuis cette soirée, le garnisaire ayant pitié de ces deux malheureux menait son cheval paître le long des chemins et dans les prés communaux. Quelques voisins se cotisèrent pour lui fournir de l’avoine et de la paille ; la plupart du temps le gendarme achetait de la viande, et l’on s’entendait pour soutenir ce pauvre ménage. Le paysan avait parlé de se pendre.

Enfin, un jour qu’il fallait du bois pour