Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

si complètes, si simplement belles, c’est que, chez eux, tout est naturel et sans art ; ils obéissent toujours au cri de la nature ; leur ruse même, leur astuce, si célèbres et si formidables, sont un développement de l’instinct humain. Ils sont cauteleux dans les affaires, et dissimulés, comme tous les gens faibles, en présence d’un ennemi puissant ; et, ne faisant pas abus de la pensée, ils la trouvent comme la foi, très-robuste dans leur ame, au moment où ils en font usage. La foi du charbonnier est un proverbe.

Ce qui m’étonne le plus en eux, ajouta-t-il, c’est leur détachement de la vie, et je ne comprends pas qu’en estimant si peu une existence si chargée de peines et de travail, ils soient si peu vindicatifs, et ne la risquent pas plus souvent, par calcul. Ils n’ont pas le temps peut-être de réfléchir ou de combiner de grandes choses.

— C’est ce qui sauve la civilisation de leurs entreprises, dit quelqu’un.

— Encore la civilisation !… répéta le médecin d’un air comi-tragique.

— Mais, docteur, lui dis-je, je vous assure que je