Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/84

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les malades. Je veillerai moi-même, et j’exécuterai vos ordonnances comme si c’était une consigne.

A huit heures du matin, je revins, fort inquiet de Clarisse ; mais en ouvrant la porte, je fus suffoqué par les nuages de fumée de tabac qui s’exhalèrent, et au milieu de cette atmosphère brumeuse, je vis à peine, à la lueur de deux chandelles, mon homme fumant sa pipe et achevant un énorme bol de punch. Non, je n’oublierai jamais ce spectacle. Auprès de lui Clarisse râlait et se tordait ; il la regardait tranquillement. Il avait consciencieusement appliqué les sinapismes, la glace, les cataplasmes ; mais aussi le misérable, en faisant son office de garde-malade, trouvant Clarisse admirablement belle dans l’agonie, avait sans doute voulu lui dire adieu ; du moins le désordre du lit me fit comprendre les événemens de la nuit. Je m’enfuis, saisi d’horreur : Clarisse mourait.

— L’horrible vrai est toujours plus horrible encore !… dit le sculpteur.

— Il y a de quoi frémir quand on songe aux malheurs, aux crimes qui sont commis à l'