Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/180

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n’en fût pas comme ébloui, quoiqu’il fût habitué à ce qui sert aux recherches et aux élégances de la richesse.

Les murs tendus de soie jaune relevée par des torsades en soie verte d’un ton vif, donnaient une grande gaieté pour ainsi dire à la chambre, dont le carreau froid était caché par un tapis de moquette à fond blanc semé de fleurs. Les deux croisées, drapées de beaux rideaux doublés en soie blanche, formaient comme deux jolis bosquets, tant les jardinières étaient abondamment garnies. Des stores empêchaient de voir du dehors cette richesse, si rare dans ce quartier. La boiserie, peinte à la colle en blanc pur, était rehaussée par quelques filets d’or.

À la porte, une lourde portière en tapisserie au petit point à fond jaune et à feuillages extravagants, étouffait tout bruit du dehors. Cette portière magnifique était l’ouvrage de la malade, qui travaillait comme une fée lorsqu’elle avait l’usage de ses mains.

Au fond de la pièce et en face de la porte, la cheminée, à manteau de velours vert, offrait aux regards une garniture d’une excessive recherche, les seules reliques de l’opulence de ces deux familles, et composée d’une pendule curieuse : un éléphant soutenant une tour en porcelaine, d’où sortaient des fleurs à profusion, de deux candélabres dans le même style et des chinoiseries précieuses. Le garde-cendre, les chenets, les pelles, les pincettes, tout était du plus grand prix.

La plus grande des jardinières occupait le milieu de cette chambre, d’où tombait d’une rosace un lustre en porcelaine à fleurs.

Le lit où gisait la fille du magistrat était un de ces beaux lits blanc et or, en bois sculpté, comme on les faisait sous Louis XV. Il y avait au chevet de la malade une jolie table en marqueterie, où se trouvaient toutes les choses nécessaires à cette vie qui se passait au lit. À la muraille tenait un flambeau à deux branches, qui se repliait ou s’avançait au moindre mouvement de main. Une petite table excessivement commode et appropriée aux besoins de la malade était devant elle. Le lit, couvert d’une superbe courte-pointe et drapé de rideaux retroussés par des embrasses, était embarrassé de livres, d’une corbeille à ouvrage ; et, sous toutes ces choses, Godefroid aurait difficilement vu la malade sans les deux bougies du flambeau mobile.

Ce n’était plus qu’un visage d’un teint très-blanc bruni par la souffrance autour des yeux, où brillaient des yeux de feu, et qui,