Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/571

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— Avec le quart de cette somme, offert à d’estimables forçats, à de jeunes libérés, à d’honnêtes criminels, on devient un personnage, un petit Manteau-Bleu ! reprend Adolphe, et une jeune femme est alors fière de son mari.

Cette phrase est le cercueil de l’amour ! aussi Caroline la prend-elle en très-mauvaise part. Il s’ensuit une explication. Ceci rentre dans les mille facéties du chapitre suivant, dont le titre doit faire sourire les amants aussi bien que les époux. S’il y a des rayons jaunes, pourquoi n’y aurait-il pas des jours de cette couleur excessivement conjugale ?




LES RISETTES JAUNES.


Arrivé dans ces eaux, vous jouissez alors de ces petites scènes qui, dans le grand opéra du mariage, représentent les intermèdes, et dont voici le type.

Vous êtes un soir seuls, après dîner, et vous vous êtes déjà tant de fois trouvés seuls que vous éprouvez le besoin de vous dire de petits mots piquants, comme ceci, donné pour exemple.

— Prends garde à toi Caroline, dit Adolphe, qui a sur le cœur tant d’efforts inutiles, il me semble que ton nez a l’impertinence de rougir à domicile tout aussi bien qu’au restaurant.

— Tu n’es pas dans tes jours d’amabilité !…


règle générale.

Aucun homme n’a pu découvrir le moyen de donner un conseil d’ami à aucune femme, pas même à la sienne.

— Que veux-tu, ma chère ! peut-être es-tu trop serrée dans ton corset, et l’on se donne ainsi des maladies…

Aussitôt qu’un homme a dit cette phrase n’importe à quelle femme, cette femme (elle sait que les buscs sont souples) saisit son busc par le bout qui regarde en contre-bas, et le soulève en disant, comme Caroline :

— Vois, on peut y mettre la main ! jamais je ne me serre.

— Ce sera donc l’estomac…

— Qu’est-ce que l’estomac a de commun avec le nez ?