Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/119

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PRÉFACE


Quand l’auteur de cette pièce ne l’aurait faite que pour obtenir les éloges universels accordés par les journaux à ses livres, et qui peut-être ont dépassé ce qui lui était dû, les Ressources de Quinola seraient une excellente spéculation littéraire ; mais, en se voyant l’objet de tant de louanges et de tant d’injures, il a compris que ses débuts au théâtre seraient encore plus difficiles que ne l’ont été ses débuts en littérature, et il s’est armé de courage pour le présent comme pour l’avenir.

Un jour viendra que cette pièce servira de bélier pour battre en brèche une pièce nouvelle, comme on a pris tous ses livres, et même sa pièce intitulée Vautrin, pour en accabler les Ressources de Quinola.

Quelque calme que doive être sa résignation, l’auteur ne peut s’empêcher de faire ici deux remarques.

Parmi cinquante faiseurs de feuilletons, il n’en est pas un seul qui n’ait traité comme une fable, inventée par l’auteur, le fait historique sur lequel repose cette pièce des Ressources de Quinola.

Longtemps avant que M. Arago ne mentionnât ce fait dans son histoire de la vapeur, publiée dans l’Annuaire du Bureau des longitudes, l’auteur, à qui le fait était connu, avait pressenti la grande comédie qui devait avoir précédé l’acte de désespoir auquel fut poussé l’inventeur inconnu qui, en plein seizième siècle, fit marcher par la vapeur un navire dans le port de Barcelone, et le coula lui-même en présence de deux cent mille spectateurs.

Cette observation répond aux dérisions qu’a soulevées la prétendue supposition de l’invention de la vapeur avant le marquis de Worcester, Salomon de Caus et Papin.

La deuxième observation porte sur l’étrange calomnie sous laquelle presque tous les faiseurs de feuilletons ont accablé Lavradi, l’un des personnages de cette comédie, et dont ils ont voulu faire une création hideuse. En lisant la pièce, dont l’analyse n’a été faite exactement par aucun critique, on verra que Lavradi, condamné pour dix ans aux présides, vient demander sa grâce au roi. Tout le monde sait combien les peines les plus sévères étaient prodiguées dans le seizième siècle pour les moindres délits, et avec quelle indulgence sont accueillis dans le vieux théâtre les valets dans la position où se trouve Quinola.

On ferait plusieurs volumes avec les lamentations des criti-