Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/121

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queurs, qui sont les seuls triomphateurs de cette soirée, d’où ils avaient été bannis.

Pour caractériser les critiques faites sur cette comédie, il suffira de dire que sur cinquante journaux qui tous, depuis vingt ans, prodiguent au dernier vaudevilliste tombé cette phrase banale : La pièce est d’un homme d’esprit qui saura prendre sa revanche, aucun ne s’en est servi pour les Ressources de Quinola, que tous tenaient à enterrer. Cette remarque suffit à l’ambition de l’auteur.

Sans que l’auteur eût rien fait pour obtenir de telles promesses, quelques personnes avaient d’avance accordé leurs encouragements à sa tentative, et celles-là se sont montrées plus injurieuses que critiques ; mais l’auteur regarde de tels mécomptes comme les plus grands bonheurs qui puissent lui arriver, car on gagne de l’expérience en perdant de faux amis. Aussi, est-ce autant un plaisir qu’un devoir pour lui que de remercier publiquement les personnes qui lui sont restées fidèles comme monsieur Léon Gozlan, envers lequel il a contracté une dette de reconnaissance ; comme monsieur Victor Hugo, qui a, pour ainsi dire, protesté contre le public de la première représentation, en revenant voir la pièce à la seconde ; comme monsieur de Lamartine et madame de Girardin, qui ont maintenu leur premier jugement malgré l’irritation générale. De telles approbations consoleraient d’une chute.


Lagny, 2 avril 1842.