Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/128

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LE CAPITAINE

Comptez sur moi… Je vais être au milieu de tous nos ennemis, comme le chasseur à l’affût.


Scène VI.

les précédents, QUINOLA.
QUINOLA.

Je n’ai plus que trente doublons, mais je fais de l’effet pour soixante… Hein ! quel parfum ? La marquise pourra me parler sans crainte.

LA MARQUISE, montrant Quinola.

Est-ce là notre homme ?

LE CAPITAINE.

Oui.

LA MARQUISE.

Mon cousin, veillez à ce que je puisse causer sans être écoutée. (A Quinola) Qui êtes-vous, mon ami?

QUINOLA., à part.

Son ami ! Tant qu’on a le secret d’une femme, on est toujours son ami. (Haut.) Madame, je suis un homme au-dessus de toutes les considérations et de toutes les circonstances.

LA MARQUISE.

On va bien haut ainsi !

QUINOLA.

Est-ce une menace ou un avis ?

LA MARQUISE.

Mon cher, vous êtes un impertinent !

QUINOLA.

Ne prenez pas la perspicacité pour de l’impertinence. Vous voulez m’étudier avant d’en venir au fait, je vais vous dire mon caractère : mon vrai nom est Lavradi. En ce moment, Lavradi devrait être en Afrique pour dix ans, aux présides, une erreur des alcades de Barcelone, Quinola est la conscience, blanche comme vos belles mains, de Lavradi. Quinola ne connaît pas Lavradi. L’âme connaît-elle le corps ? Vous pourriez faire rejoindre l’âme — Quinola, au corps — Lavradi, d’autant plus facilement que ce matin, Quinola se trouvait à la petite porte de votre jardin, avec les amis de l’aurore qui ont arrêté le duc d’Olmédo…