Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/130

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LA MARQUISE.

Lavradi aura sa grâce. Que veut Quinola ? entrer à mon service ?

QUINOLA.

Les enfants trouvés sont gentilshommes : Quinola vous rendra votre billet sans vous demander un maravédis, sans vous obliger à rien d’indigne de vous, et il compte que vous vous dispenserez d’en vouloir à la tête d’un pauvre diable qui porte sous sa besace le cœur du Cid.

LA MARQUISE.

Comme tu vas me coûter cher, drôle ?

QUINOLA.

Vous me disiez tout à l’heure : mon ami.

LA MARQUISE.

N’étais-tu pas mon ennemi ?

QUINOLA.

Sur cette parole, je me fie à vous, Madame, et vais vous dire tout. Mais là… ne riez pas… vous le promettez… Je veux…

LA MARQUISE.

Tu veux ?

QUINOLA.

Je veux… parler au roi… là, quand il passera pour aller à la chapelle ; rendez-le favorable à ma requête.

LA MARQUISE.

Mais que lui demanderas-tu ?

QUINOLA.

La chose la plus simple du monde, une audience pour mon maître.

LA MARQUISE.

Explique-toi, le temps presse.

QUINOLA.

Madame, je suis le valet d’un savant ; et, si la marque du génie est la pauvreté, nous avons beaucoup trop de génie, Madame.

LA MARQUISE.

Au fait.

QUINOLA.

Le seigneur Alfonso Fontanarès est venu de Catalogne ici pour offrir au roi notre maître le sceptre de la mer. À Barcelone, on l’a pris pour un fou, ici pour un sorcier. Quand on a su ce qu’il promet, on l’a berné dans les antichambres. Celui-ci voulait le protéger pour le perdre, celui-là mettait en doute notre secret pour