Madame, il n’y a que vous dans toute l’Espagne à qui le roi ne dira pas : taisez-vous !
Tu ne connais pas le roi, et je le connais, moi ! (À part.) Il faut ravoir ma lettre. (Haut.) Il se présente une circonstance heureuse pour ton maître : on apprend en ce moment au roi la perte de l’Armada ; tiens-toi sur son passage et tu lui parleras.
Scène VII.
Il ne suffit donc pas d’avoir du génie et d’en user, car il y en a qui le dissimulent avec bien du bonheur, il faut encore des circonstances : une lettre trouvée qui mette une favorite en péril, pour obtenir une langue qui parle, et la perte de la plus grande des flottes, pour ouvrir les oreilles à un prince. Le hasard est un fameux misérable ! Allons ! dans le duel de Fontanarès avec son siècle, voici pour son pauvre second le moment de se montrer !… (On entend les cloches, on porte les armes.) Est-ce un présage du succès ? (Au capitaine des gardes.) Comment parle-t-on au roi ?
Tu t’avanceras, tu plieras le genou, tu diras : Sire !… Et prie Dieu de conduire ta langue.
Je n’aurai pas la peine de me mettre à genoux, ils plient déjà, car il ne s’agit pas seulement d’un homme, mais d’un monde.
La reine !
Le roi !