Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/273

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MADAME GIRAUD.

Je ne dirais jamais ça.

GIRAUD.

Outrager mon enfant !… Monsieur, j’ai eu tous les chagrins possibles… j’ai été tailleur, je me suis vu réduit à rien… à être portier !… mais je suis resté père… Ma fille, notre trésor, c’est la gloire de nos vieux jours, et vous voulez que nous la déshonorions !

MADAME DU BROCARD.

Écoutez-moi, Monsieur.

GIRAUD.

Non, Madame. Ma fille, c’est l’espoir de mes cheveux blancs.

PAMÉLA.

Mon père, calmez-vous, je vous en prie.

MADAME GIRAUD.

Voyons, Giraud ! laisse donc parler monsieur et madame.

MADAME DU BROCARD.

C’est une famille éplorée qui vient vous demander de la sauver.

PAMÉLA, à part.

Pauvre Jules !

DE VERBY, bas, à Pamela.

Son sort est entre vos mains.

MADAME GIRAUD.

Nous ne sommes pas de mauvaises gens ! on sait bien ce que c’est que des parents, une mère, qui sont dans le désespoir… mais ce que vous demandez est impossible.

(Paméla porte un mouchoir à ses yeux.)
GIRAUD.

Allons ! voilà qu’elle pleure !

MADAME GIRAUD.

Elle n’a fait que ça depuis quelques jours.

GIRAUD.

Je connais ma fille ; elle serait capable d’aller dire tout ça malgré nous.

MADAME GIRAUD.

Eh oui… car voyez-vous, elle l’aime, vot’neveu ! et pour lui sauver la vie… eh bien ! j’en ferais autant à sa place.

MADAME DU BROCARD.

Oh ! laissez-vous attendrir !

DE VERBY.

Cédez à nos prières…

MADAME DU BROCARD, à Paméla.

S’il est vrai que vous aimiez Jules…