Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/323

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GODARD, à part.

Surtout pour sa mère, qui est une fine mouche.

LE GÉNÉRAL.

Dites donc ?… si ça ne vous convient pas, il faut le dire.

GODARD, à part.

Ça fera des procès. (Haut.) Au contraire, je vous y aiderai, général.

LE GÉNÉRAL.

À la bonne heure voilà pourquoi, mon cher Godard…

GODARD.

De Rimonville.

LE GÉNÉRAL.

Godard, j’aime mieux Godard. Voilà pourquoi, après avoir commandé les grenadiers de la jeune garde, moi, général, comte de Grandchamp, j’habille leurs pousse-cailloux.

GODARD.

C’est très-naturel ! Économisez, général, votre veuve ne doit pas rester sans fortune.

LE GÉNÉRAL.

Un ange, Godard.

GODARD.

De Rimonville.

LE GÉNÉRAL.

Godard, un ange à qui vous devez l’éducation de votre future ; elle l’a faite à son image. Pauline est une perle, un bijou ; ça n’a pas quitté la maison, c’est pur, innocent, comme dans le berceau.

GODARD.

Général, laissez-moi faire un aveu ! certes mademoiselle Pauline est belle.

LE GÉNÉRAL.

Je le crois bien.

GODARD.

Elle est très-belle ; mais il y a beaucoup de belles filles en Normandie, et très-riches, il y en a de plus riches qu’elle… Eh bien ! si vous saviez comme les pères et les mamans de ces héritières-là me pourchassent !… Enfin, c’en est indécent. Mais ça m’amuse : je vais dans les châteaux, on me distingue…

LE GÉNÉRAL.

Fat !

GODARD.

Oh ! ce n’est pas pour moi, allez Je ne m’abuse pas ! c’est