Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/342

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avenue. Après onze ans, on a tant de choses à dire quand on se revoit, que je suis la cause de son retard.

LE GÉNÉRAL.

Mais, Monsieur, à quoi dois-je votre présence ici ?

RAMEL.

À Jean Nicot, dit Champagne, votre contre-maître, inculpé d’un crime.

GERTRUDE.

Mais, Monsieur, notre ami, le docteur Vernon, a reconnu que la femme à Champagne était morte naturellement.

VERNON.

Oui, oui, du choléra, Monsieur le procureur du roi.

RAMEL.

La justice, Monsieur, ne croit qu’à ses expertises et à ses convictions… Vous avez eu tort de procéder avant nous.

FÉLIX.

Madame, faut-il servir le café ?

GERTRUDE.

Attendez ! (À part.) Comme il est changé ! Cet homme, devenu procureur du roi, n’est pas reconnaissable… Il me glace.

LE GÉNÉRAL.

Mais, Monsieur, comment le prétendu crime de Champagne, un vieux soldat que je cautionnerais, peut-il vous amener ici ?

RAMEL.

Dès que le juge d’instruction sera venu, vous le saurez.

LE GÉNÉRAL.

Prenez la peine de vous asseoir.

FERDINAND, à Ramel en montrant Pauline.

Tiens ! la voilà.

RAMEL.

On peut se faire tuer pour une si adorable fille !

GERTRUDE, à Ramel.

Nous ne nous connaissons pas ? vous ne m’avez jamais vue ! Ayez pitié de moi, de lui.

RAMEL.

Comptez sur moi.

LE GÉNÉRAL, qui a vu Ramel et Gertrude causant.

Ma femme est-elle donc nécessaire à cette instruction ?

RAMEL.

Précisément, général. C’est pour que madame ne fût pas avertie