Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/344

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LE JUGE.

Vous l’entendez, Madame? Voici quel est son système: il prétend que vous l’avez envoyé chercher cette substance vous-même, et qu’il vous a remis le paquet tel que M. Baudrillon le lui a donné.

GERTRUDE.

C’est vrai, Monsieur.

RAMEL.

Avez-vous, Madame, fait déjà usage de cet arsenic ?

GERTRUDE.

Non, Monsieur.

LE JUGE.

Vous pouvez alors nous représenter le paquet livré par M. Baudrillon le paquet doit porter son cachet, et s’il le reconnaît pour être sain et entier, les charges si graves qui pèsent sur votre contre-maître disparaîtraient en partie. Nous n’aurions plus qu’à à attendre le rapport du médecin qui fait l’autopsie.

GERTRUDE.

Le paquet, Monsieur, n’a pas quitté le secrétaire de ma chambre à coucher.

(Elle sort.)
CHAMPAGNE.

Ah! mon général, je suis sauvé!

LE GÉNÉRAL.

Pauvre Champagne!

RAMEL.

Général, nous serons très-heureux d’avoir à constater l’innocence de votre contre-maître au contraire de vous, nous sommes enchantés d’être battus.

GERTRUDE, revenant.

Voilà, Messieurs.

(Le juge examine avec Baudrillon et Ramel.)
BAUDRILLON met ses lunettes.

C’est intact, Messieurs, parfaitement intact; voilà mon cachet deux fois, sain et entier.

LE JUGE.

Serrez bien cela, Madame, car depuis quelque temps les cours d’assises n’ont à juger que des empoisonnements.

GERTRUDE.

Vous voyez, Monsieur, il était dans mon secrétaire, et c’est moi seule, ou le général, qui en avons la clef. (Elle rentre dans la chambre.)