Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/356

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car tu as vingt-deux ans, et l’on pourrait croire des choses désagréables pour toi, pour ma femme et pour moi.

PAULINE.

Il ne m’est donc pas permis de rester fille ?

GERTRUDE.

Elle a fait un choix, mais elle ne veut peut-être le dire qu’à vous ; je vous laisse, confessez-la ! (À Pauline.) Bonne nuit, mon enfant, cause avec ton père. (À part.) Je vais les écouter.

(Elle va fermer la porte et rentre dans sa chambre.)

Scène VII.

LE GÉNÉRAL, PAULINE.
LE GÉNÉRAL, à part.

Confesser ma fille ! Je suis tout à fait impropre à cette manœuvre ! C’est elle qui me confessera. (Haut.) Pauline, viens là. (Il la prend sur ses genoux.) Bien, ma petite chatte, crois-tu qu’un vieux troupier comme moi ne sache pas ce que signifie la résolution de rester fille… Cela veut dire, dans toutes les langues, qu’une jeune personne veut se marier, mais… à quelqu’un qu’elle aime.

PAULINE.

Papa, je te dirais bien quelque chose, mais je n’ai pas confiance en toi.

LE GÉNÉRAL.

Et pourquoi cela, Mademoiselle ?

PAULINE.

Tu dis tout à ta femme.

LE GÉNÉRAL.

Et tu as un secret de nature à ne pas être dit à un ange, à une femme qui t’a élevée, à ta seconde mère !

PAULINE.

Oh ! si tu te fâches, je vais aller me coucher… Je croyais, moi, que le cœur d’un père devait être un asile sûr pour une fille.

LE GÉNÉRAL.

Oh ! câline ! Allons, pour toi je vais me faire doux.