Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/384

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GERTRUDE.

Quoi ?

PAULINE.

Tout ! tout !

GERTRUDE.

Mais ! malheureuse enfant ! c’est un vol et un assassinat !… à son âge…

PAULINE.

Ne venez-vous pas d’assassiner mon bonheur ?… de me faire nier, à mon père et à Ferdinand, mon amour, ma gloire, ma vie ?

GERTRUDE.

Oh ! Oh ! c’est une ruse, elle ne sait rien (Haut.) C’est une ruse, je n’ai jamais écrit… C’est faux… c’est impossible… Où sont ces lettres ?

PAULINE.

Je les ai !

GERTRUDE.

Dans ta chambre ?

PAULINE.

Là où elles sont, vous ne pourriez jamais les prendre.

GERTRUDE, à part.

La folie, avec ses rêves insensés, danse autour de ma cervelle !… Le meurtre m’agite les doigts… C’est dans ces moments-là qu’on tue !… Ah comme je la tuerais… Oh ! mon Dieu, mon Dieu ! ne m’abandonnez pas, laissez-moi ma raison !… Voyons !

PAULINE, à part.

Oh ! merci, Ferdinand ! Je vois combien tu m’aimes : j’ai pu lui rendre tout le mal qu’elle nous a fait tout à l’heure… Et… elle nous sauvera !…

GERTRUDE, à part.

Elle doit les avoir sur elle, comment en être sûre ? Ah ! (Elle se rapproche.) Pauline !… Si tu avais eu ces lettres depuis longtemps, tu aurais su que j’aimais Ferdinand ; tu ne les a donc prises que depuis peu ?

PAULINE.

Ce matin.

GERTRUDE.

Tu ne les a pas toutes lues ?