Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/390

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GODARD, à Pauline.

Pauvre garçon ! avez-vous dit Mademoiselle ? Mais M. Ferdinand n’est pas si pauvre que vous le croyez ! il est plus riche que moi.

PAULINE.

D’où savez-vous cela ?

GODARD.

J’en suis certain, et je vais tout vous expliquer. Ce M. Ferdinand, que vous croyez connaître, est un garçon excessivement dissimulé…

PAULINE, à part.

Grand Dieu ! saurait-il son nom ?

GERTRUDE, à part.

Quelques gouttes d’opium versées dans son thé l’endormiront, et je serai sauvée.

GODARD.

Vous ne vous doutez pas de ce qui m’a mis sur la voie…

PAULINE.

Oh ! Monsieur ! de grâce…

GODARD.

C’est le procureur du roi. Je me suis souvenu que chez les Boudeville, on disait que votre commis…

PAULINE, à part.

Il me met au supplice.

GERTRUDE, présentant une tasse à Pauline.

Tiens, Pauline.

VERNON, à part.

Ai-je la berlue ? j’ai cru lui voir mettre quelque chose dans la tasse de Pauline.

PAULINE.

Et que disait-on ?

GODARD.

Ah ! ah ! comme vous m’écoutez !… Je serais bien flatté de savoir que vous auriez cet air-là pendant que quelqu’un vous parlerait de moi, comme je vous parle de M. Ferdinand.

PAULINE.

Quel singulier goût a le thé ! Trouvez-vous le vôtre bon ?

GODARD.

Vous vous en prenez à votre thé pour cacher l’intérêt que vous